L'Ouvreur des chemins, Quantika 2, de Laurence Suhner



A quand remonte donc ma lecture du premier tome de Quantika ? Je ne m’en souviens pas. Pas si longtemps, me susurre une voix. Suffisamment pour que je redécouvre bien des choses, en tout cas...




Attention spoiler !! C'est un tome 2 !





Sur Gemma, les choses s’accélèrent : alors que les scientifiques essaient d’échapper tantôt à l’armée tantôt au phénomène qu’ils ont découvert, ce dernier se déploie et menace d’extinction l’ensemble de la planète. Que faire ? Comment s’en sortir ?





J’avais oublié bien des choses. Je me souvenais du langage foisonnant sur les murs des vestiges ; je me souvenais d’Ambre Pasquier, destinée à libérer le phénomène. J’avais oublié Tokalinan et son monde poétique, envahi de sensations enivrantes. J’avais également oublié les militaires qui tentent de s’approprier la découverte mais aussi les enfants de Gemma, qui forment un groupe dissident.


L’histoire se déploie et s’approfondit. Notre expérience de l’altérité se développe. Avec quel langage s’adresser à l’autre ? L’humain apparaît pétri de certitudes et évidemment, face à un être extraterrestre, tout est remis en cause : sa conception du langage, son évaluation de l’intelligence, sa représentation de l’altérité...


Il n’y a pas que les personnages qui se trouvent changés par cette histoire, le lecteur aussi. Au gré des échanges entre Ambre Pasquier et Tokalinan, la jeune femme apprend à faire tomber ses barrières mentales, qui sont autant d’enclos qui entravent la communication avec le Timkhan. Pourtant, son vécu et sa personnalité mêmes, dépendent de ses barrières mentales. On s'attache à ce personnage complexe, qu'on souhaite voir évoluer vers une forme de résilience et atteindre, qui sait ?, un nouvel état de conscience. Dans ce tome, on en apprend davantage sur la jeune femme ; on pressent qu’elle est une clef de compréhension de l’intrigue.


Pourtant, à la fin du tome, rien n’est achevé. Les menaces continuent de peser sur la planète et ses habitants. Mais peu importe ! On a avancé dans notre compréhension du phénomène et des personnages.


La poésie présente dans ce planet opera le rend bien plus riche que d’autres œuvres. Il y a un habile mélange entre culture indienne, dont on appréhende surtout la musique, comme un langage en soi, et l’expérience de l’altérité extra-terrestre. On subit une initiation à un autre langage. C’est très impressionnant.


L’expérience de la décohésion est aussi un concept intéressant : on touche ainsi au cycle de la vie, un cycle infini de destruction et de construction, mais aussi à la finitude de l'individu et d'une civilisation (Ce qu'on se sent tout petits, insignifiants !) , de même qu'on assiste au principe même de la création. Une quête intellectuelle riche par ses images !




En bref, je suis pour une fois assez tentée de me jeter immédiatement sur la suite, tant j’ai peur de ne pouvoir raccrocher les morceaux si je retarde ma lecture. Par ailleurs, lire ce roman, même si les concepts sont exigeants, est très envoûtant, au point que j’en perds mes mots, comme Ambre auprès de Tokalinan.






Si vous souhaitez lire ma chronique du premier tome de Quantika, c'est ici :


Et pour prolonger l'expérience de l'altérité extraterrestre, deux conseils ciné :

Ce film, qui date de 2016, propose une véritable réflexion sur la communication avec l'Autre.

 
Plus ancien, ce film de 1997, par le réalisateur de Retour vers le futur ou de Forrest Gump, mettant en scène la remarquable Jodie Foster, est une expérience sensorielle inédite.

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