L'Imparfé, de Johan Heliot




L’Imparfé, un joli volume de vert et d’or, enluminé de branchages de chêne, à la manière d’un livre de conte. Vous reprendrez un peu de fantaisie jeunesse ? 😜



A l’âge de 13 ans, les garçons rejoignent les rangs des apprentis guerriers tandis que les filles entrent à l’école des fées. Mais voilà qu’une méprise administrative envoie Tindal, qui rêvait de faits d’armes depuis tout petit, à l’école des fées : la honte.
Comble du malheur, un vieil ennemi du royaume refait surface et menace la ville de Jhalipur.




J’aime les romans de fantaisie jeunesse : bien qu’encore peu nombreux alors, ils m’ont toujours transportée quand j’étais petite.



Celui-ci me fait un peu penser à un mélange de L’École du Bien et du Mal, où les enfants sont convoqués à l’une ou l’autre école, sans choix possible, opposant de manière manichéenne le bien et le mal, la beauté et la laideur.
Mais il m’a aussi fait penser à Harry Potter. Il y a de l’horcruxe dans cette histoire mais je n’en dirai pas plus pour ne pas spoiler...
Enfin, quand la grande bataille commence, j’ai pensé à Game of thrones : l’assaut des Marcheurs blancs. Mais là aussi, je n’en révélerai pas davantage.



Le roman est bien construit. La première partie consiste en une initiation au monde de Jhalipur, initiation pour les lecteurs et pour le héros. C’est assez peu développé à mon goût. Toutefois, cela permet de mettre en évidence un des sujets fondamentaux du roman : le statut des garçons et des filles.
En effet, aucun des sexes n’a le choix : les jouvenceaux doivent rêver de devenir des guerriers, voués à sauver le monde, à s’attirer la gloire et à écrire l’Histoire. En cela, ils sont bien endoctrinés par la tradition et leurs familles.
Et les jouvencelles ne peuvent que rêver de devenir des fées. Celles-là semblent avoir un rôle mystérieux et tout à fait mineur dans l’Histoire du royaume.
Évidemment, parmi les amis de Tindal, plusieurs dénotent à la tradition, au point de la remettre en question. La méprise administrative concernant Tindal elle-même est une invitation à voir les choses autrement.
J’ai vraiment beaucoup apprécié cette métaphore des statuts sociaux hyper sexués qu’on a encore aujourd’hui dans notre société.



La deuxième grande partie du roman fait monter le suspense et nous entraîne dans l’aventure, sans nous laisser le temps de souffler : l’épopée. Arrivée un peu vite, elle entraîne des apprentis vraiment peu formés dans des enjeux qui les dépassent complètement. Mais il est indéniable qu’elle insuffle un sacré rythme à l’histoire.



Ainsi, l’évolution psychologique et sociale du personnage de Tindal est selon moi un peu rapide. Mais comment faire si on doit le jeter tout de suite dans l’action ? Toutefois, le héros est sympathique : il ne correspond pas aux critères attendus pour les garçons du royaume, mais il ne se rend véritablement compte de sa différence que lorsqu’il est écarté du chemin qu’il pensait tout tracé pour lui. De même, sa place n’est pas acquise à l’Ecole des fées. Le voilà en porte à faux avec à peu près tout le monde. Sauf que. Eh bien, son originalité finit par s’expliquer et évidemment, faire de lui un héros sans commune mesure avec les autres.



J’ai aussi apprécié le personnage de Mélias. Il est l’un des seuls à remettre en question les traditions et les croyances. Il a aussi le courage de défendre des ambitions différentes.




Le reste appartient à de la fantaisie épique tout à fait classique, ce qui rend la lecture plaisante, sans être forcément révolutionnaire. Par contre, je suis certaine que de jeunes lecteurs, garçons et filles réunis, y trouveront leur compte en matière d’imaginaire et en retireront quelques idées sur le rôle des garçons et des filles. De quoi s’ouvrir un peu l’esprit, commencer une démarche critique face au monde qui les entoure et peut-être, être soulagés de ne pas tout à fait rentrer dans les cases.


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