Un fruit amer, de Nicholas Koch





Une jeune blanche vient d’être retrouvée à moitié nue, dans les bois de Woodbridge, une petite villa d’Alabama, violée et tabassée à mort. Le meurtre va mettre le feu aux poudres de ces années 60, où le Ku klux Klan règne encore...


Si la maison d’édition De Saxus ne m’avait pas proposé la lecture de ce roman, je crois bien que je serais passée à côté. Voyez-vous, je suis une fétichiste des couvertures et faut avouer que celle-ci est assez moche. Par ailleurs, je lis quelques thrillers, mais ce n’est pas forcément ma tasse de thé du moment...

Toutefois, Un fruit amer sera parvenu à me séduire par la maîtrise de son intrigue. En effet, beaucoup des ficelles narratives utilisées m’ont fait penser au grand maître Stephen King (Bon, je sais : il existe bien d’autres maîtres du grand frisson, mais je dois avouer mon ignorance en la matière...😅).

Tout d’abord, on suit les trajectoires de différents personnages. Si au début, c’est un peu déstabilisant à cause de leur nombre, la narration peu à peu ancre chaque protagoniste dans l’histoire et le lecteur les suit, de plus en plus curieux de leurs avancées. Même si ce sont des pourritures finies, dont les pensées révulsent, on ne peut s’empêcher de vouloir savoir jusqu’où la perversité, ou la bêtise, ou les deux, vont les mener. On se prend aussi d’affection pour d’autres et on tremble de les voir agir, parfois en dépit du bon sens...

Quelques incursions dans les pensées des personnages pour connaître leurs motivations et leur passé, distillées avec minutie, brouillent complètement les pistes. On se rend vite compte que l’enjeu est moins dans la découverte du ou des meurtriers de la jeune femme que dans l’issue du bras de fer entre le poison rampant que représente le Ku Klux Klan et les quelques champions, peu nombreux et assez isolés, qui tentent de freiner ses agissements. Impossible de prédire qui va gagner, jusqu’aux dernières pages du livre. En effet, ce sont les personnages, par leurs choix et leurs actions antagonistes, qui décident définitivement de l’avancée de l’intrigue, et non pas la main divine de l’écrivain. En cela, j’ai retrouvé certaines des caractéristiques d’écriture de Stephen King.

Autres points communs : le choix du contexte, les années 60, qui m’a fait penser à l’excellent 22.11.63, et la documentation à l’appui. Je me suis en effet sentie immergée dans les années 60, les mentalités de l’époque, les mœurs, l’état des lieux de la police... Un voyage comme cela est toujours agréable et enrichissant, même si le sujet est le Ku Klux Klan...😑

La ville de Woodbridge, comme la funeste Derry de Ça, est gangrenée par un mal qui la ronge, métaphore de la maladie qu’on voit à plusieurs reprises apparaître dans le roman. Tous les milieux semblent investis, corsetés par le Klan et la ségrégation raciale. Visiblement, l’auteur a fait de ce roman le miroir de la société Américaine actuelle...



Un très bon thriller, remarquablement écrit, qui ravira les amateurs !


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