Les silences de M. Night Shyamalan
J’ai récemment regardé la trilogie d’Incassable. J’avais déjà vu le premier film, Incassable, à sa sortie au cinéma, et je suis allée voir Glass, à l’affiche récemment. Puis j’ai découvert Split. Bref, dans un complet désordre.
Toutefois, une chose m’a marquée, concernant ces films : Glass m’a laissée sur ma faim ; j’ai trouvé le personnage de Glass traité de manière superficielle, et surtout j’ai trouvé ce film bavard. C’est en revoyant Incassable puis en visionnant Split que je m’en suis rendu compte.
Je vais donc vous parler de deux scènes importantes qui sont, selon moi, un vrai parti pris cinématographique. Que ceux qui n’ont pas vu Incassable ou Split, passent leur chemin : SPOILERS !!
Il y a deux scènes, en fin de films, qui sont intenses au niveau dramatique, et pourtant rien n’est dit. Je parle, dans Incassable, de la scène où David Dunn révèle à son fils qu’il a sauvé des enfants, et de la scène, dans Split, où Cassey refuse de retourner chez son oncle.
Aucun des deux personnages ne parle. Rien n’est dit. Tout se joue dans le regard.
Un père accepte son destin et le partage avec son fils, qui avait toujours cru en lui, au point de se mettre en danger. Une jeune fille prend conscience qu’après ce qu’elle a vécu, elle ne peut plus, désormais, accepter les maltraitances de son oncle.
La réaction, en face, tout aussi silencieuse, est cependant très parlante. Une succession d’émotions passe sur le visage du fils de Dunn : l’incrédulité, le soulagement, la reconnaissance, l’admiration.
Devant le regard de Cassey, la femme flic passe de sa fonction de flic, à son rôle d’être humain ; dans ses yeux, une révélation se fait : cette jeune fille ne peut retourner chez elle ; elle a trop subi.
Je trouve ces deux scènes magistrales, d’autant qu’elles arrivent en fin de film et qu’elles suivent ou contiennent le moment de la révélation. Le message est d’autant plus fort qu’il ne s’accompagne pas de mots. Comme si ces derniers allaient nous trahir et révéler le secret entre père et fils, ou comme s’ils étaient soudain inaptes à révéler l’intensité d’une souffrance, à dire ce qui ne peut l’être. Ou encore comme si la simple imagination du spectateur, dénuée de mots comme autant d’étiquettes, comblait le vide et était susceptible de le remplir de bien plus de contenu qu’une simple phrase de dialogue.
Se taire et montrer l’expression des visages permet de révéler la faille des mots et le pouvoir d’une image, bel argument envers la photo cinématographique.
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