Les Vieilles de Pascale Gautier
Plusieurs raisons dans ce choix de livre audio :
1. J’ai trouvé amusant de choisir les vieux comme observateurs du monde
contemporain dans Et puis, Paulette…
de Barbara Constantine ; je suis donc restée dans la même veine.
2. Il était disponible à la médiathèque (Bah oui ! bête contingence !)
3. Et il faut bien de quoi me nourrir pendant mes lonnnnnnnngs trajets en
voiture.
Alors, que se passe-t-il donc dans les Vieilles ?
Et bien au début, pas grand chose. On assiste aux
chroniques de différentes petites vieilles, qui habitent dans le Trou, ville
méridionale dont les agences immobilières vantent le ciel bleu 365 jours par
an. Il y a :
- Mme Rousse, qui invite à prendre le thé mais n’éteint
pas pour autant sa précieuse télévision qui la relie au monde, et ce bien trop
fort,
- Mme Chiffe qui a bien du mal à vivre sans mari, et
- celle qui ne supporte pas les habitudes qu’elle a
prise mais se voit pas en changer,
- l’acariâtre qui perd la mémoire et en fait voir de
toutes les couleurs la tribu de lapins élevée par son fils,
- celle qui n’a jamais vraiment vécu pour elle-même
avant la retraite,
- celle qui engraisse le chat Mitsou, véritable
opportuniste de chat,
- celle dont le fils compense son absence par l’achat
compulsif de téléphones toujours plus sophistiqués pour vieux aveugles et
sourds…
Parmi toutes ces dames, quelques rares figures
masculines : Pierre-Martin, athlétique nonagénaire que l’égoïsme a su
conserver et le jeune Kévin, grand amoureux des vieille et qui a trouvé sa voie
dans la crémation.
La 4e de couverture m’a fait penser que l’arrivée
de la petite nouvelle, dans la résidence, allait mettre le cirque mais en
réalité quelque chose de plus sombre se profile, même si c’est gommé, a priori,
par une écriture sous forme d’instantanés de vie qui se font écho, se croisent,
se heurtent.
Pascale Gautier nous propose en effet une chronique
de la retraite et de la vie arrivée à son bilan, mais aussi une vision, légèrement
décalée, du monde qui nous entoure. Assez décalée pour faire penser aux Persans
de Montesquieu : les candides, dans ce livre, ont du vécu et présente l’avantage
d’avoir le recul de l’âge. Trop décalée parfois, mais on en comprendra la
raison plus tard, au fil de la narration.
J’ai apprécié que Pascale Gautier écorne le commerce
gérontophile (?) et l’aliénation des médias.
J’ai aimé aussi me faire surprendre par un mélange
des genres que je n’avais pas vu venir et qui est une habile métaphore de ce
qui nous attend tous.
Enfin, la lecture faite par Caroline Beaune est un
sérieux avantage : l’actrice porte un regard bienveillant, quoique lucide,
sur ces vieilles tout en permettant l’expression, par voie indirecte, de leurs
pensées. Vive le point de vue omniscient !
Les Vieilles est donc un roman réjouissant ( ?)
et humaniste, qui pose de véritables questions existentielles : pourquoi
et surtout pour quoi sommes-nous là ? Que fait-on de la vie qu’on nous a
donnée ? Et comment réagir quand est venu le moment de la rendre ?
Et vous, l'avez-vous lu ? Qu'en avez-vous penser ? Comptez-vous le lire ? l'écouter ?
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