Emily, de Liz Kessler



J'ai choisi ce livre sur Netgalley pour sa couverture toute choupinette de couleurs et de formes, la bouille réjouie de la fillette qui découvre qu’elle est mi-humaine, mi-sirène, le thème et la promesse d'aventures fantastiques. Mais doit



Emily Claquevent n'a jamais approché les bassins de sa vie, sa mère nourrissant une phobie de l'eau.
Mais nouvelle année scolaire oblige, Emily prend une résolution : elle entend bien prendre des cours de natation. 
Ce qui n'était pas prévu au programme, c'est qu'au contact de l'eau, ses jambes allaient se transformer en queue de sirène ! Voilà donc un sacré secret à garder et tout un nouveau monde à explorer ! De quoi déterrer quelques secrets de famille au passage...



Que dire d’Emily ? La lecture a été sympathique, mais je dois l’avouer, pas transcendante. Je n’oublie que le public visé est jeune. Sur ce point, je rejoins @pikiti : les petites filles de 7-8 ans devraient trouver leur bonheur dans ce livre, qui leur parle quand même de sirènes ?!!😍😍😍

Je n’oublie pas non plus que le roman a été publié il y a une dizaine d’années et que depuis, la littérature jeunesse a fait un bond, dans ses propositions narratives.

J’ai d’abord tiqué sur deux choses, ce qui a sans doute biaisé ma lecture. D’abord, Shona, l’amie sirène d’Emily suit des cours de Beauté et tenue, qui m’ont fait penser aux miss France. Et que je donne cent coups de brosse à mes cheveux, que j’utilise de l’huile de Machin-chose pour embellir ma queue de sirène, ceci cela. Tout cela m’a semblé bien superficiel, d’autant qu’au démarrage, Shona ne parle que de ça et de son spectacle de danse aquatique à Emily. L’écueil (jeu de mot, héhé!) aurait été évité si le lien avait renforcé avec les naufrages que provoquent volontairement les sirènes ; la beauté y devenant explicitement une arme, il y aurait eu de l’enjeu. Là, ça flatte la joueuse à la Barbie, sans plus.

Deuxième point qui m’a chagriné : un prisonnier s’excuse de perdre son temps à écrire de la poésie et à créer des bracelets. Il sait, « ce n’est pas très viril », tout ça. Ok, ok. Ben moi, ça m’ennuie : voilà une présentation bien genrée des occupations et l’idée que la virilité peut être atteinte dans son intégrité si l’homme s’adonne à des activités vues comme davantage féminines (?).

3ème hic (Ah oui ! J’en ajoute un !) : les naufrages justement. Les sirènes et leur roi Neptune haïssent les hommes, les attirent pour mieux couler leurs navires. Hormis la haine, les buts sont à peine visibles (peut-être piller leurs marchandises...)et ça pose à peine question. Peut-être l’interview rattrape-y-il un peu l’affaire mais bon.
Bref, là où se situent les problèmes moraux, c’est traite trop vite ou de manière superficielle au point que ça semble valider des idées assez contestables.

Par contre, c’est choupinet. Emily se découvre sirène ; grâce à ça, elle prend un peu d’autonomie et découvre que le monde est loin du cocon douillet que représente le bateau maternel.
Elle qui peinait à se faire des amies, elle en trouve une qui l’accepte telle qu’elle est, ben parce qu’elle lui ressemble, tiens ! D’ailleurs, à la fin du livre, elle n’a pas « plus besoin » de telle amie humaine... Elle choisit son camp ? N’accorde son affection qu’aux sirènes et affiliés ? Aïe. Et depuis quand peut-on dire qu’on n’a « plus besoin » de quelqu’un ? On le jette comme une vieille chaussette une fois qu’on a trouvé mieux ? Bon, je retourne dans la critique, désolée...

La découverte des fonds marins est sympathique, quoique peu développée. Les aventures se succèdent.

Le lecteur y apprend notamment que les adultes ne sont pas toujours fiables, qui à cause de sa crédulité, qui à cause de sa duplicité. Un bon point pour le roman.




J’ai passé un bon moment avec Emily, mais sans plus. Malgré le caractère choupinet du personnage, l’histoire famille qui recèle quelques mystères, je n’ai pas vraiment réussi à adhérer à l’univers et à l’histoire. J’ai les ai trouvés trop simplistes, à l’instar de certains thèmes majeurs pourtant évoqués dans le roman, mais de manière maladroite.
Oui, pour faire rêver les petites filles.
Non, pour l’image que ça renvoie de la féminité et de la masculinité. Après, tout dépend d’où chacun place le curseur de l’éducation à donner à ses enfants.


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