Les lettres de Rose, de Clarisse Sabard




Passer de Stephen King aux Lettres de Rose est le type de grand écart que j’aime bien, tant j’ai peur de me lasser d’un genre. Mais ce n’est pas sans risques...


Lola, adoptée à 3 mois, apprend un jour que sa grand-mère biologique, Rose, lui a laissé une maison et un jeu de pistes pour remonter à ses origines et faire la connaissance de la famille qu’elle n’a jamais connue. Cette rencontre, en différé, aura bien des conséquences sur la vie de Lola...


Ce roman a des qualités qui ont su me toucher.

Tout d’abord, il s’agit d’une saga familiale, qui suit les générations depuis le début du siècle dernier, et tout spécialement les femmes de la famille, qui ne manquaient de poigne et de tempérament mais ont dû souvent composer avec leur époque. Clarisse Sabard montre comme les décisions de ses ancêtres a pu influencer le destin de Lola.

Ensuite, le petit village dans lequel se déroule principalement l’histoire, Aubéry, donne envie d’être visité ; on s’y sent bien, à naviguer entre l’Hôtel du Bourg et la maison des parents de Rose, entre le champ de foire et le bord de la rivière. Les habitants sont sympathiques et touchants, même si au premier abord ils se révèlent parfois rudes et méfiants.

Enfin, bien que l’histoire de sa famille soit racontée à Lola par le biais de lettres, de journaux et de photographies, l’autrice a pris le parti de nous en faire directement le récit, ce qui m’a semblé assez innovant. On peut penser que cela a contribué à plonger dans l’histoire, quoique des extraits, variés, de lettres et de journaux, auraient pu apporter une certaine authenticité. En tout cas, le procédé m’a plu.

Toutefois, j’ai trouvé la narration un peu longuette. Pourquoi ?

J’ai premièrement été ennuyée par le style : trop d’adverbes qui venaient alourdir les dires des personnages ou leurs actions ; des phrases que j’ai trouvées par moments ampoulées ; des tournures précieuses comme l’antéposition de l’adjectif dans des expressions qui auraient mérité plus de fluidité. Il est possible aussi que l’écriture des dialogues ait fait obstacle à ma lecture : je l'ai trouvée maladroite, factice. 

Deuxièmement, le ton ne m’a jamais tout à fait semblé juste. Les sentiments de Lola envers son adoption, ceux de ses parents envers ses découvertes sur ses origines, certaines réactions de personnages, ne m’ont pas paru approfondis ou appropriés à la situation. Par ailleurs, j’ai à plusieurs reprises trouvé le récit soit trop édulcoré (Tout va bien dans le meilleur des mondes.), soit versant trop dans le pathétique.

Enfin, cette lecture a succédé à un roman de Stephen King, dont j’apprécie l’art de camper personnages et situations, d’ancrer son lecteur dans des ambiances, de donner une touche ciselée de réalisme. Un premier roman peut sembler maladroit, en comparaison.


En bref, cette lecture, alternant entre passé et présent, a été plutôt sympathique, mais je ne suis pas certaine d'en garder grand souvenir. The Snow Rose, roman assez proche par ses retours dans le passé et son travail sur la psychologie, m’a fait plus forte impression.





Si vous désirez voir ce que j'ai pensé de The Snow Rose,  de Lulu Taylor, c'est ici :

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