Lecture VO - The Snow Rose, de Lulu Taylor
J’ai obtenu ce livre en Anglais d’une manière bien
exotique : en territoire espagnol, sur une île des Canaries. Sur le
comptoir d’un kiosque, au rez-de-chaussée de l’hôtel dans lequel je me
trouvais, se trouvaient des livres que les clients avaient laissés, dans plein
de langues différentes. J’ai pris le plus joli (Vous connaissez maintenant mon
fétichisme des couvertures…😜) et celui que je pourrais lire le plus aisément (Y
en avait en Allemand, en Russe… Faut quand même pas pousser...).
En faisant des recherches sur Internet, je me suis aperçue
que ce livre venait juste de sortir en Anglais et qu’il n’était pas encore
traduit en Français. Vous trouverez ainsi d'autres livres, Le
Secret des hauts murs et Le souffle
glacé du passé de Lulu Taylor, chez City Edition, mais pas encore celui-ci !
Je suis d'ailleurs plutôt fière de moi d’être parvenue à lire un livre en VO de presque 500 pages. J’ai mis un mois et demi : comme il était
frustrant de ne parvenir à lire qu’une quinzaine de pages par heure seulement
et que ça réclamait beaucoup de concentration, j’ai régulièrement fait des
pauses pour lire un livre en Français…
De quoi est-ce que ça
parle ?
Quand on rencontre Kate, elle est dans la voiture, sa petite
fille de 5 ans, Heather, assise sur la banquette arrière. Elle fuit son foyer
car son mari et sa famille veulent l’éloigner d’Heather. Jamais Kate ne nous en donne la raison, mais on devine chez elle un souci d'ordre psychologique...
La jeune mère a trouvé un endroit où se replier : une sorte de
manoir abandonné, dans lequel elle devra jouer les gardiennes pour le compte
d’une société, avec laquelle elle échange des mails.
Bien qu’elle pensait vivre seule dans cette immense demeure,
plusieurs visites impromptues viennent remettre en question la solitude qu’elle
recherchait tant : deux vieilles sœurs, qui semblent en savoir long sur
l’endroit et se montrent bien curieuses…, puis un groupe de jeunes gens qui
gravitent autour d’un magnétique jeune homme, Archer.
Il semblerait que Kate ait à affronter le passé de la
maison, en même temps que le sien propre…
Qu’en ai-je
pensé ?
C’est amusant comme il est
presque compliqué de donner son avis en Français quand on a vécu l’expérience
en Anglais ! Mais je vais tenter quand même.
Le décor m’a énormément
plu : toute l’intrigue se déroule dans le manoir ou dans le domaine où il se trouve.
L’endroit est très grand, donc on le découvre petit à petit. Par ailleurs, il
semblerait que Kate ne soit pas en mesure d’en explorer la totalité tout de
suite.
En plus, il s’agit d’un vieux manoir abandonné depuis bien trop
longtemps et cependant, Kate aperçoit d’étranges traces de modernité :
l’endroit est-il vraiment abandonné ? Que peut-on vouloir y faire ?
Quel est le projet de cette société qui l’emploie ? Beaucoup de mystères
s’accumulent autour du passé et de l’avenir de la maison.
Je ne sais pas si c'est la langue anglaise, ou la
couverture du livre, ou encore l’influence de Rebecca, de Daphné du Maurier, mais j’ai eu l’impression d’avoir affaire
à une demeure gothique, susceptible de renfermer de lourds secrets et à fort
potentiel fantastique.
J’ai donc été absolument charmée et intriguée par la
maison, ainsi que par le dédale qu’emprunte Kate dans le domaine… Comme le
personnage, et pas que, je me suis dit que l’endroit pourrait être un bon
endroit pour se créer un petit Paradis à soi, dont on n’aurait pas besoin de sortir.
Refuge ou prison ? Paradis
ou Enfer ?
L’histoire de Kate est très
prenante. On devine une forte inquiétude qui la pousse à fuir ; elle se sent
oppressée et perdue, comme on peut l’être par moments, dans sa vie. Au fur et à
mesure qu’elle se livre, notre vision du personnage, et de son vécu, évolue
considérablement, au point de nous réserver quelques surprises !
On s’attache à elle, grâce à la
relation privilégiée qu’elle entretient avec sa petite fille, mais aussi parce
qu’elle veut s’en sortir et que, visiblement, c’est compliqué. Pourquoi en est-elle arrivée à
fuir ?
D'autre part, Kate semble avoir des séquelles de quelque chose, ou bien les
symptômes d’une maladie, mais de quoi s'agit-il ?
Avec l’entrée en scène des sœurs,
le lecteur commence à s’interroger davantage sur le passé de l’endroit. C’est ainsi
qu’une alternance narrative se crée entre le récit à la première personne, mené
par Kate, et le récit à la 3e personne, qui nous plonge dans le
passé des années 20, aux côtés de Letty, une jeune aristocrate, qui suit les
frasques de sa grande sœur Arabella. Fantasque, celle-ci risque de mettre en
péril son propre héritage, le manoir, ainsi que celui de ses sœurs. Cecily, la
cadette, va-t-elle continuer d’essayer de manipuler Arabella ? Quel parti
va prendre Letty ? Ecouter la voix de la raison ou suivre le chemin farfelu d’Arabella, qui s’est entichée d’un
révérend excentrique, dont la présence rend son entourage extatique ?
Quand tout cela approche de sa
résolution, j’avoue avoir retenu mon souffle à plusieurs reprises, car je ne
savais pas jusqu’où les protagonistes de l’histoire allaient aller, ni jusqu’à quel
point les deux histoires, passées et présentes, étaient liées.
J’ai aussi beaucoup aimé les
thématiques abordées, ainsi que la façon dont elles l’ont été : le deuil
d’un enfant, la désillusion d’un couple qui ne communique plus mais ne s’en
rend pas compte tout de suite, la façon dont l’embrigadement a davantage d'emprise sur une personne
fragilisée, comment des gens suscitent la peur pour mieux contrôler les autres…
J’ai trouvé que Lulu Taylor étudie cela avec beaucoup de justesse.
Je n’ai malheureusement toujours
pas bien compris le symbole du snow rose, une sorte de bonzaï qui donne des
fleurs. Il représente sans doute un
microcosme, qui s’épanouit seulement si on en prend grand soin. Symbole positif
ou négatif ? Qui ou quoi représente-t-il ? Kate ? Heather ?
Le manoir ? Le Beloved ? (C’est qui, celui-là ? Je ne vous en ai
pas parlé, hein ? Je saiiiiiiiiis : vous l’apprendrez en lisant le
livre ! Gnagnagna...).
Bref, j’espère que ce livre sera
bientôt traduit par City édition, car c’est un excellent thriller psychologique
et historique. J’ai pris énormément de plaisir à le lire.
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