Cygne Noir, l'intégrale, de Richelle Mead



De Richelle Mead, j’ai d’abord connu l’Ere des miracles, qui est un chef d’œuvre de construction d’univers et dont les personnages forment un duo détonnant. Ma curiosité m’a poussé à jeter un œil à Vampire Academy, dont la lecture était agréable, mais l’intrigue assez bateau et davantage ciblée jeunesse. J’ai donc commencé à lire Cygne noir en me demandant quel pan de l’écriture de Richelle Mead j’allais retrouver.


Eugénie est une chamane redoutable, qui parvient à exorciser toutes les créatures de l'Outremonde ou de l'Inframonde qui entrent dans le monde des hommes. Mais voilà que les créatures commencent à se comporter différemment envers elle. En effet, une malédiction outremondienne fait d'Eugénie la future mère du conquérant du monde... Aïe.


En démarrant ma lecture, je suis décontenancée par les premières pages très stéréotypées : l’héroïne est badass ; elle exerce le métier de chamane, ce qui lui permet de pratiquer la magie tout en filant des coups de pied au c.. à des créatures qui s’invitent dans le monde des humains. Ajoutons à cela que les créatures en question en veulent à son corps et on tombe bien dans les nécessités de la bit-lit, voire du cliché.

Mais peu à peu, l’intrigue s’épaissit. Un autre monde, l’Outremonde, ouvre ses portes : les règles physiques y sont différentes des nôtres ; la population a des mœurs bien à elle, de quoi rendre les choses bien exotiques...

Et voilà que l’héroïne qui se définissait comme une chamane remarquablement douée, se retrouve en plein conflit d’identité, en prenant connaissance d’une prophétie Outremondienne.

Les personnages secondaires se multiplient et certains sont très attachants, comme Jasmine, la petite sœur, ou assez complexes pour promettre de jolis rebondissements, comme le kitsune Kiyo ou le Roi de chêne Dorian.

Les responsabilités d’Eugenie dans l’Outremonde grandissent au fur et à mesure des tomes, au point que les enjeux, importants et dont l’autrice parvient à bien montrer toutes les implications psychologiques et politiques, retiennent le souffle du lecteur.

L’intrigue est rondement menée sur les 4 tomes, s’approfondissant et se complexifiant au fur et à mesure. Richelle Mead n’hésite d’ailleurs pas à jouer avec nos attentes, surtout dans le tout dernier tome, où on se laisse surprendre à plusieurs reprises.

J’ai apprécié également qu’il y ait de vraies questions éthiques qui soient abordées. Je trouve que toute histoire devrait jouer sur ce tableau. Ici, l’héroïne doit se battre contre une prophétie qui entend lui dicter son destin, mais aussi contre un certain nombre d’individus qui pensent mieux savoir qu’elle ce qui est le mieux pour elle. Sommes-nous libres de nos choix ou bien sommes-nous contraints de devenir ce que d’autres veulent qu’on soit ?
Par ailleurs, Eugénie se découvre d’immenses pouvoirs, et avec eux, le risque de faire beaucoup de mal. Inévitablement, des questions se posent : le pouvoir corrompt-il la personne ? Peut-on être puissant et rester éthique ?

Il y a cependant un point qui ne m’a pas vraiment satisfaite, c’est l’intrigue amoureuse, ou plutôt les intrigues amoureuses. Bien qu’elle m’ait semblé bien menée sur les trois premiers tomes, dans le dernier, elle m’a mise mal à l’aise. J’ai eu l’impression d’un pis-à-aller, ou encore que la cohérence interne d’un personnage avait été sacrifiée afin qu’il y ait intrigue amoureuse.


Bref, une saga fantaisie tout à fait addictive, qui peut, au premier abord, ressembler grossièrement à de la bit-lit, mais dont l’intrigue ne cesse de se complexifier au fur et à mesure des 4 tomes et qui parvient jusqu’au bout à nous surprendre. Le souffle épique porte le lecteur, tout comme les différents dilemmes auxquels se trouve confrontée l’héroïne. Les différentes trames s’entremêlent assez bien pour combler la curiosité du lecteur, sans attendre encore la virtuosité de l’Echiquier des dieux.


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