Frankenstein, de Mary Shelley


J’ai eu la chance de gagner le livre ainsi que des places de cinéma pour Mary Shelley et un très joli carnet grâce à @livredepoche. Revenant conquise par le film, je me suis lancée dans la lecture de l’œuvre qui a fait la notoriété de Mary Shelley.



Lors d’une expédition aux pôles, Robert Walton rencontre Victor Frankenstein. En piteux état, ce dernier fait alors le récit étonnant de sa vie : dans sa jeunesse, il a créé de toute pièce un être humain monstrueux, qui s’acharne à le détruire.


Ma lecture commence avec beaucoup d’enthousiasme. Mon esprit est encore imprégné de l’ambiance délétère du film et des mots de l’époque.

Je découvre dans Frankenstein une écriture exaltée, qui décrit, avec d’infinis détails, les multiples sentiments de ses protagonistes.

Un peu étonnée au début de constater que le livre repose sur une correspondance (Je ne m’y attendais pas), d’un personnage inconnu, je comprends rapidement l’aspect baroque du texte : il multiplie les récits, les enchâssent les uns dans les autres et modifient les points de vue.

Les personnages ont tous un double dans cette histoire, un doppleganger, diraient les habitués. Le docteur trouve son écho en Robert Walton, l’explorateur, mais aussi dans sa créature, qui éprouve des sentiments très similaires aux siens. Elizabeth, son amie d’enfance, a elle aussi de nombreux doubles, et pas des moindres, si l’on pense au sinistre projet de la créature...

Tant d’enchassements et de mises en abîmes ne peuvent servir qu’à une chose : réfléchir, sous différents angles. Mais à quoi ? Avec mon regard de lectrice actuelle, je pense à la maternité, aperçue dans le film, mais aussi à la paternité, dont le film souligne souvent le défaut. Or que dire de la paternité de Victor Frankenstein, sinon qu’il n’a fait que la fuir ? Le film donne d’ailleurs plusieurs clés de lecture de l’œuvre, à travers la biographie de Mary Shelley.

J’y vois aussi les dérives de la science. Étrange, dans une période de progrès scientifiques aussi exaltants, mais particulièrement parlant pour nous, qui avons été témoins de différents scandales liés au progrès.

Peut-on y voir une critique de l’orgueil humain qui veut créer à son image, comme Dieu l’aurait fait avant lui ? La créature de Frankenstein est souvent désignée par le mot « démon », la facilité avec laquelle elle passe de la vertu au crime pourrait en faire une sorte de « suppôt de Satan. » Frankenstein semble être persuadé de sa malignité ; il le répète jusqu’au bout. La créature elle-même semble l’affirmer et pourtant, ses regrets ne plaideraient-ils pas pour une réelle humanité ? Je n’en sais rien. Mary Shelley semble avoir baigné dans une univers assez anti-conformiste pour l’époque, choisissant la voie de l’adultère et épousant un homme dont les écrits sur l’athéisme témoigneraient d’une indépendance de jugement vis-à-vis de la religion.

Peu à peu s’impose à moi le sentiment que Victor Frankenstein, tout vertueux qu’il est dépeint par d’autres ainsi que par lui-même, est un être très égocentrique, dont les mots sont aussi séduisants au premier abord que perfides à y regarder de plus près, à l’image de ce qu’il dit du discours de la créature. Étudiant, il a une haute opinion de ses talents et il est ambitieux. Après tout, il parviendra à faire ce que nul autre avant lui n’avait réussi à accomplir ? Mais son récit est une litanie d’auto Apitoiement. D’abord, j’y ai vu une sorte de ressort tragique : il ne pouvait en être autrement ; il devait assumer les conséquences du projet qu’il avait entrepris ! Mais s’il avait agi autrement, la créature aurait-elle versé aussi simplement dans le crime ? Il y a de quoi discuter de l’éducation dans le rôle des criminels. N’est-ce pas plutôt un manque d’humanité qui a conduit la créature à assumer l’inhumanité des êtres humains ?


Beaucoup de questions ressortent de ce récit ; je pense que de là vient son succès et ses multiples reprises et adaptations.
Vraiment très intéressant, même si au bout d’un moment, l’exaltation des sentiments a fini par lasser la lectrice que je suis.


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