Pline, T1, L'Appel de Néron

Mari Yamazaki, après nous avoir transportés, dans Thermae Romae, entre Rome Antique et Japon, pour nous montrer la tradition et l’architecture des thermes, revient, accompagnée de Tori Mini, pour nous offrir la biographie de Pline l’Ancien. 



De quoi parle donc Pline ?



On cueille le naturaliste à la fin de sa vie, quand il s’attarde aux abords du Vésuve, intrigué par le feu que crache la montagne.




C’est son scribe qui se charge de nous raconter l’histoire, en partant de sa rencontre avec le substitut du procureur Pline juste après l’éruption de l’Etna (Effet de clôture quand tu nous tiens !).


Alors que le jeune homme a tout perdu et fouille les décombres à la recherche d’objets en mémoire de son père, Pline l’approche d’une manière peu commune, comme s’il n’était pas conscient du deuil que vit le jeune homme. En réalité, le naturaliste en a déjà suffisamment vu pour relativiser la mort, de quelque manière qu’elle ait lieu.



Peu à peu, il parvient à persuader le jeune homme d’entrer à son service et de noter toutes les observations qu’il peut faire.


Qu'en ai-je pensé ?


C’est ainsi que nous sommes amenés à prêter l’oreille à cet incroyable pourvoyeur d’anecdotes en tous genres : l’homme semble savoir tout sur tout, de la nourriture aux phénomènes sismiques ou marins. Et cependant, on comprend rapidement que, si savant qu’il soit, Pline continue d’être mû par une grande curiosité, qui l’amène, quand il le juge nécessaire, à devenir l’élève d’un négociant en béton, afin d’en apprendre davantage sur le matériau en question.

Farfelu, et un peu têtu, il fait la sourde oreille à son serviteur qui ne cesse de lui rappeler l’ordre de l’empereur Néron de rentrer à Rome. Ainsi, Pline continue allègrement de s’arrêter devant un temple grec ou une racine de mandragore, n’hésite pas à faire un détour et à allonger les délais, au grand dam de son scrupuleux serviteur.



En même temps, on comprend le pauvre homme : il n’est pas particulièrement judicieux de tenir tête au capricieux Néron, empereur incroyablement susceptible, mené par ses humeurs, la mégalomanie et l’opportuniste Poppée, qui entend bien devenir Impératrice de Rome.





On appréciera le voyage, depuis la Sicile jusqu’à Rome, en admirant les paysages, l’architecture des monuments, les mœurs des habitants. En quelque sorte, Pline se fait notre guide touristique du monde Antique, tandis que les chapitres consacrés à Néron nous rappellent le contexte historique dans lequel a évolué cet observateur de chaque instant, à la mémoire d’éléphant.





On aimera aussi apprendre mille et une choses sur le monde qui nous entoure, tout en notant cependant, que Pline avait les connaissances de son temps. Ainsi, Pline nous enseigne davantage à être curieux que de réelles connaissances : qui sera intrigué par le fonctionnement des volcans devra aller épancher sa soif de connaissance en allant consulter un ouvrage documentaire. Par ailleurs, c'est un peu de l'histoire de la connaissance à laquelle nous invitent Mari Yamazaki et Tori Miki : ils nous montrent à quel stade les connaissances en étaient dans l'Antiquité, entre croyances et pragmatisme, liées à l'expérience directe, visuelle du naturaliste, ou sur la base du récit d'un témoin. L'explication donnée par Pline concernant les séismes est édifiante !


Et voilà que je me souviens avec nostalgie de ces vieux volumes reliés, aussi grands que des atlas, aux pages grises et mouchetées, l’Histoire naturelle de Pline, que je consultais à la BEA de l’université de Caen. La bibliothèque d’études anciennes a disparu depuis quelques années, ainsi que le cursus que j’ai suivi : où sont donc passés ces volumes ? J’aimerais tellement m’y replonger...



Comme moi, vous n'aimez l'Histoire que quand elle vous est racontée, de l'intérieur ? Vous êtes curieux de tout ? Ce manga vous initiera à l'Antiquité romaine, à travers le premier encyclopédiste qui ait jamais existé !



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