Wizards, Tome 1, L'Initiation
Pourquoi
puis-je dire que j’ai tant aimé Wizards,
Tome 1, de Diane Duane ?
Peut-être
parce qu’une fois le livre fermé, j’ai ressenti une forme de nostalgie, un
besoin de me recueillir après cette expérience qui m’a ouvert les yeux.
Peut-être
aussi parce que, comme Nita et Kit, j’ai moi aussi subi une initiation.
Nita se lance
dans la magie pour venir à bout d’une bande de filles qui s’acharne sur elle.
Mais finalement, la grande aventure survient quand elle décide de récupérer son
stylo fétiche : un prétexte anodin pour une épopée hors-norme – Très années
80, me semble-t-il.
Moi-même, j’ai
choisi ce livre pour une raison futile : lire un livre des éditions Lumen,
afin de découvrir cette toute jeune maison d’édition. Je n’ai pas vu l’enjeu de
ce livre ; il ne s’agissait pour moi que d’un livre parmi d’autres dont l’éditeur,
comme d’autres, vantait la ressemblance avec la saga Harry Potter, afin de séduire les lecteurs avides de lectures
similaires. J’avais d’ailleurs déjà subi une déconvenue avec le tome 1 d’Oksa Pollock, inventif mais trop
scolaire. Comme dit l’adage : « Chat échaudé craint l’eau froide. »
Alors qu’est-ce
qui change ici ?
D’abord, la
réalité de la magie. Diane Duane nous la donne à sentir, grâce aux sensations
de Nita, aux comparaisons et à la maîtrise de l’abstrait dont elle nous dessine
les contours avec des mots. La magie ne réside plus dans une simple formule ou
un mélange explosif de produits exotiques mais dans une sorte d’alchimie entre le
sorcier et le Discours, qui utilise ses propriétés linguistiques pour nommer le
monde, les êtres, les objets et leur donner une réalité, ou une autre.
Ensuite, Diane
Duane utilise habilement la mise en abîme. Nita devait apprendre la magie pour
se défendre au quotidien, elle apprend les véritables enjeux. Ainsi, elle subit
une initiation : elle est réellement transformée par elle. Son point de
vue change ; elle grandit. Elle comprend que le Flétrisseur n’est plus
seulement le Grand Vilain de légende mais un être sensible voué à changer, une
version beaucoup plus effrayante mais située hors de la dimension réelle, donc
beaucoup plus facile à affronter que Joanne, la tourmenteuse en chef de Nita.
Le frêle Kit, qui souhaitait être pris au sérieux, a lui aussi changé : si
son apparence physique reste la même, cependant l’expérience lui a conféré une
assurance en ses propres capacités.
Enfin, si l’univers
de la magie est foisonnant d’inventions, d’objets aux comportements d’animaux
sauvages et d’éléments naturels qui parlent, de créatures attachantes telles qu’une
petite lumière, étrange et étrangère, ou un bolide racé, sauvage mais
valeureux, il n’est que prétexte à parler de quelque chose de plus grand.
Ainsi, l’aventure de Nita et Kit, c’est le passage à l’âge adulte, avec son lot
de victoires et de pertes, auxquelles nous avons notre part. De même, le Livre
Lunaire, c’est la puissance de la vie contre l’instinct de destruction et de
mort, porté par le désespoir, la rage et la colère. Et le Discours, c’est en
quelque sorte l’histoire que nous raconte Diane Duane qui, par ses mots
évocateurs, crée son monde sous nos yeux ébahis. Diane Duane nous parle de
nous, elle nous parle d’elle et de son métier.
On ne peut que
subir l’initiation à notre tour et en ressortir changés.
Commentaires
Merci pour ton article, tu me donnes envie de m'y lancer ! :D