De Brume, de Métal et de Cendre, de Gwendolyn Clare



Je referme De Brume, de Métal et de Cendre avec le sentiment que le livre délivre finalement un message que j’ai négligé... Mais remontons un peu dans le temps.

Attention spoilers !!!


Dans un monde où il est possible de créer d’autres mondes à l’aide d’encre et de papier, de jeunes gens affrontent les ambitieux projets de Garibaldi. Dans la Casa della Pazzia, c’est la consternation : Léo a trahi ses amis Elsa, Faraz et Porzia en leur volant le livre-monde, puissante arme d’altération de la réalité, pour le donner à son père. Les trois jeunes gens, partagés entre la colère d’avoir été trahis et l’espoir de récupérer un jour leur ami, doivent à tout prix récupérer le livre-monde et peut-être, peut-être ?, sauver Léo.


Première réflexion que je me fais au fil des pages : il y a beaucoup beaucoup d’actions dans ce second tome, au point qu’il me serait difficile de toutes les lister. Les protagonistes sont régulièrement séparés pour mener des actions simultanées et les plans, souvent élaborés dans l’urgence, sont tout aussi rapidement mis à mal par l’adversaire. Toujours est-il que la petite bande de pazzerellones va toujours de l’avant, malgré les embûches.

Une seconde pensée me vient. Autant le premier tome flattait l’imagination grâce à la mise en place de cet univers mêlant histoire italienne et science-fiction, déroulant sous nos yeux ébahis le principe de la scriptologie et des livres-mondes, concept ô combien enthousiasmant !, autant le second tome suit les rails du premier en développant les fils de l’intrigue de son prédécesseur : plus de nouvelle découverte sur la scriptologie, l’alchimie ou la mécanique. Il y a bien sûr la créature volante, mais elle n’est qu’une figure secondaire de l’histoire. D’autres livres-mondes sont explorés mais hormis l’un d’entre eux, qui joue remarquablement bien avec les lois de la physique, ils ne sont souvent qu’esquissés.

Alors bien sûr, on me dira que je suis trop exigeante et que cette exigence vient sans doute de ma lecture d’Harry Potter, dont chaque tome a sans cesse su renouveler l’émerveillement envers le monde des sorciers. Toutefois, j’aime rêver, moi. J’aurais donc aimé que ce tome surfe davantage sur l’univers créé et qu’il l’approfondisse pour nous en donner une compréhension plus fine.

Régulièrement, au cours de ma lecture, je m’interroge : mais où en est donc tel personnage ? Telle corporation ? Quelle implication cet événement a-t-il eu sur l’histoire ? Et peu à peu, je m’inquiète que mes questions ne trouvent pas de réponses. A mon grand regret, il m’en reste plusieurs, une fois le livre refermé. C’est là que je me dis que tous les fils n’ont pas été tirés, que toutes les implications n’ont pas été envisagées, que tous les enjeux n’ont pas été traités et qu’il est difficile de mener une intrigue aussi complexe sans en oublier quelques morceaux au passage.

Toutefois, j’ai aimé plusieurs partis pris de l’autrice. 

D’abord, elle n’a pas hésité à rendre sa narration parfois cruelle, afin de démontrer les conséquences réelles d’un conflit ou de dénoncer la folie de certains inventeurs qui n’hésitent pas à outrepasser la limite de la morale, simplement parce qu’ils peuvent le faire. 

Ensuite, j’ai aimé la fin : l’un des personnages triomphe et prend son indépendance. Ce n’est pas celui qu’on croit et cela fait un peu basculer la hiérarchie des personnages principaux et secondaires, mais on touche du doigt quelque chose, un message un peu brouillon, pas forcément prévu dans le scénario au départ : on y trouve pêle-mêle la révolte des adolescents contre l’ordre établi des adultes, mais aussi une forme de désobéissance civique face à un immobilisme institutionnel. 


En bref, j’ai aimé cette saga pour :
  • Cette idée géniale que les livres créent des mondes : émerveillement de la fantaisie et métaphore de la collaboration entre écrivain et lecteurs ;
  • avoir proposé de revisiter une période de l’histoire italienne que je connaissais à peine et qui m’a fortement dépaysée ;
  • Avoir flirté avec beaucoup de concepts forts, comme le pouvoir de l’imagination, la folie créatrice, la fureur destructrice, les conflits de pouvoir, les liens du sang, parfois oppressants, les amitiés fondatrices mais vulnérables...
Même si tout n’est pas abouti, comme la création de l’univers, le développement de l’intrigue et la définition des concepts qui sous-tendent la narration, je garderai un très bon souvenir de la saga de Gwendolyn Clare.






Retrouvez ma chronique du tome 1, ici :

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