Interrogations sur l'auto-édition
Pour commencer, je tiens à préciser que c’est en tant que lectrice habituée à l’édition traditionnelle que j’aborde cet article. J’ai lu quelques livres auto-édités, mais assez peu encore, et il m'en reste plusieurs à lire dans ma liseuse.
Néanmoins, j’ai un avis, qui m’a empêchée jusque-là d’ajouter le logo « Je lis des auto-édités » sur mon blog et m’a amenée à refuser plusieurs propositions de SP auto-édités.
Mais, ce n'est qu'une opinion temporaire, qui cherche davantage à vous faire part de mes interrogations et à susciter chez vous une réponse qui, peut-être, me permettra d'évoluer dans ma relation aux auto-édités.
Voici donc, en gros, les aprioris que je traîne sur l’auto-édition.
La caractéristique majeure de l'auto-édition est que l’auteur.trice doit assumer toutes les casquettes. C’est sans doute une bonne chose pour celles et ceux qui désirent maîtriser de bout en bout leur projet. Toutefois, cela nécessite des compétences très diversifiées que tous.tes n’ont pas.
Outre l’écriture elle-même sur laquelle beaucoup de choses pourraient être dites également (Sur ce point, je vous laisse vous reporter à l’excellent article d’Agnès Marot...) l’auteur.trice doit avoir assez de recul sur son oeuvre pour se relire. Il arrive que pour cette étape, il ou elle fasse appel à des bêta-lecteurs.trices, qui assument alors le rôle des relecteurs.trices traditionnel.le.s.
Lors de cette étape doivent être, entre d'autres :
- corrigées les approximations de langage (J’ai ainsi trouvé « affirmer sa position » au lieu d’ « affermir sa position », dans un contexte guerrier),
- les erreurs de syntaxe (J’ai ainsi vu des phrases qui n’en étaient pas.)
- et d’orthographe (Aïe, les homophones et les accords du participe passé !😳),
- allégées les phrases alourdies par les adverbes et les prépositions répétées ou mal utilisées...
Malgré ses habitudes de lecture, il n’est pas certain que lui ou elle, ou encore son ou sa bêta-lecteur.trice, soit à même de repérer tout ça. C'est là qu'un.e relecteur.trice, formé.e à cela, se révèle bien utile, je trouve.
D’autre part, l’auteur.trice auto-édité.e doit aussi enfiler sa casquette d’éditeur.trice. Le voilà donc parti à mettre en page, à organiser le fichier, à présenter les 1ère et 4ème de couverture... C’est aussi un sacré travail, qui réclame des connaissances spécifiques.
Personnellement, je suis tatillonne sur mon confort de lecture : un texte non justifié à droite aura tendance, selon moi, à mettre en évidence l’amateurisme de son auteur.trice. Par ailleurs, je suis très sensible à la 1ère de couverture (la fétichiste, le retour !😜). Elle doit être belle, bien calibrée et les informations doivent être visibles sans difficulté (titre, auteur...). N’oublions pas que son objectif premier est de donner envie de lire ! L’image choisie est donc très importante ; elle doit à la fois synthétiser l’histoire et intriguer le ou la lecteur.trice. Pour moi, elle doit susciter l'imagination, inviter à un voyage. Tout y est symbole du roman, de son intrigue et de son esthétique : les formes choisies, les éléments de l’image, sa taille et sa place sur la couverture.
Or, si je sais reconnaître une belle couverture, je serais sans doute moi-même bien incapable d’en fabriquer une digne de ce nom. C’est ainsi que certaines couvertures d’auto-édités m'ont davantage fait l'effet d'un repoussoir que d'un argument d’achat.
La 4e de couverture est aussi un exercice difficile, qui me semble plus facile à faire par quelqu'un d'extérieur à l'écriture, car il faut donner assez d'informations sur l'histoire et son genre pour inspirer, tout en proposant un texte court et suffisamment ouvert pour amener à ouvrir le livre.
En grande habituée de l’édition traditionnelle, je m'aperçois que je ne suis pas particulièrement bienveillante sur tous ces points et me demande même si je devrais l’être. Faudrait-il, parce qu'il s'agit d'auto-édités, adopter une attitude différente envers eux qu'envers les édités traditionnels ? Ainsi, un livre qui présentera l’une de ces faiblesses risque fort de me tomber des mains, définitivement. Je pourrais être amenée à penser qu’il n’est pas abouti, que c’est un premier jet non retravaillé, ou pas assez.
Le travail de promotion est également à charge de l'auteur.trice. Et encore une fois, cela demande du savoir-faire : quand promouvoir son oeuvre ? De quelle façon ? A partir de quel moment la promotion est-elle bien dosée ? A promouvoir soi-même son roman, ne risque-t-on pas de passer pour un.e égocentrique, voire un.e mégalomane, qui pense que son livre est LA pépite à lire, qui révolutionnera les esprits ?
Bien sûr, on pourra me rétorquer que bon nombre de romans édités de manière traditionnelle ont une couverture moche, une intrigue nulle, pas assez travaillée, sans enjeu majeur, présentant des personnages auxquels on ne parvient pas à s'attacher et une mise en page pas toujours au point... Et on aura raison. Je vois passer régulièrement (de plus en plus ?) des erreurs d'orthographe dans les édités que je lis et j'ai déjà repéré des soucis de mise en page, qui témoignent parfois d'un travail bâclé.
Néanmoins, quand le travail d'édition est bien fait, j'ai le sentiment d'avoir une garantie sur lecture, que je n'ai pas l'impression de trouver dans le vaste marché de l'auto-édition. Par ailleurs, il va sans dire que je sélectionne forcément mes lectures. Or je m'interroge : comment sélectionner correctement une lecture d'auto-édité ? Ses lecteurs sont-ils vraiment impartiaux ? N'ont-ils pas été trop bienveillants parce que c'est précisément auto-édité ?
Je suis consciente que mon article est long et qu'il ne semble pas en faveur de l'auto-édition, mais il témoigne simplement d'une réflexion en cours. Je suis d'ailleurs en train de lire un livre auto-édité et pour la première fois depuis longtemps, j'ai accepté plusieurs SP auto-édités.😊
N'hésitez pas à me montrer que j'ai tort, à souligner des erreurs de jugement. Cet article n'est pas un arrêt, c'est un appel à la conversation ! 😉
Commentaires
Mon expérience a été plus mitigée, en ce qui me concerne...