Le péril Groumpf, Les Lutins Urbains, T4, de Renaud Marhic






C’est @Voyageusedesmot qui va être contente : me voilà à commencer une série par le tome 4 ! 😉 Mais ce n'est pas sans raison ! D'habitude, je suis plutôt bien disciplinée : je commence par le début, hein ? 😝Contactée par Renaud Marhic, l'auteur des Lutins Urbains, séduite par les précédentes critiques, mais aussi par la lecture des quelques extraits qu'il m'avait envoyés, j'ai accepté de lire Le Péril Groumf.



Alors qu’il est au service Sécurisation et Bien-être du Président, Gustave Flicman assiste au kidnapping du seul doudou qu’il ne fallait pas voler au seul propriétaire qu’il ne fallait pas détrousser : le doudou serpent du pacha-héritier, le capricieux fiston du Pacha Directeur Général du Pépettochistan ! Et le voleur est un... euh... un yéti ! ?... 


Forcé de reconnaître qu’il a bien vu la créature, Gustave se retrouve contraint de jouer les chauffeurs pour Groumf (Mais non, mon jeune ami ! Ce n’est pas un yéti mais le voleur suprême des doudous des bambins !) et son bon ami, le Troll aux pieds qui puent. En chemin, il devra bien trouver le moyen de dérober au gros monstre poilu le serpent en peluche. Les enjeux sont de taille : on risque la 3e guerre mondiale et, visiblement, une petite révolution domestique aussi, chez les Flicman (Je sais pas, moi : ses innombrables sœurs ne m’ont pas été présentées !)


Comble du comble, le professeur d’Onirie, un autre hurluberlu, avertit Flicman que le yét.... non le Groumf altère la réalité !





D’abord, j’ai été agréablement surprise par l’objet dont la couverture, d’un orange pétant, est rigide. Ah ! Quel plaisir ! Tous les livres pour enfants devraient être ainsi, afin de ressembler à une vraie invitation à la lecture ! Le titre, comme la couverture, annonce facéties et aventures. Des illustrations ponctuent le récit et en renforcent l’humour.



Ensuite, je trouve le style de Renaud Marhic pétillant. Ses dialogues sont enlevés. Il sait parfaitement jouer sur les différents registres de langue et ne recule jamais devant un bon mot, une petite allusion ou même une petite blague. Ses notes de bas de page (qu’il rebaptise Psiiiiiit !) - Vous savez ?, ces affreux commentaires extrêmement pointus que tout le monde déteste en vrai parce qu’ils vous font perdre le fil de l’histoire, mais dont vous besoin quand même pour éclairer le contexte gnagnagna... -, sont délicieusement drôles ! L’auteur s’adresse à ses lecteur.ice.s, leur rappelle les tomes précédents : Mais siiiii, tu sais ? Machinnnnnn !, digresse pour le plaisir, voire nous fait tourner en bourriques. Enfin, il n’hésite pas à mélanger les genres, celui du conte, celui du roman policier ou du thriller, le roadtrip, le fantastique, allant même jusqu’à revisiter le roman picaresque de Don Quichotte.



L’univers est truculent, aussi coloré que la couverture du livre. L’imagination de l’auteur est sans fin, tant elle joue sur le folklore (Un lutin pour chaque petit désagrément !) et sur la parodie. En effet, Renaud Marhic en profite pour écorcher un peu notre société en poussant la sponsorisation jusqu’au bout : les commissariats sont rebaptisés par le nom d’un sponsor, qui n’est pas sans faire penser à des marques de sport bien connues. La modernisation, elle aussi, est poussée jusqu’au bout : la technologie parle, conseille, intervient à tout bout de champ et l’humain l’écoute respectueusement, sauf quand elle est interrompue par la transmission d’une oreillette ou d’un drone... Tout en saupoudrant ses pages d'anecdotes savantes, l'auteur aborde aussi quelques sujets de société, par petites touches légères : l'homosexualité, l'écriture inclusive (😎), l'éducation laxiste 😜... Ce qui est sûr, c'est que, même si les Lutins urbains s'adresse au jeune public, Renaud Marhic a bien compris qu'il ne parlait pas à des crétins : ainsi, il lance toutes les perches susceptibles d'être attrapées.



J’ai trouvé que le voyage de Flicman et des deux créatures ressemble pas mal au périple d’Alice au Pays des Merveilles : il passe d’une péripétie à une autre, ne comprenant pas bien où se situe la réalité et où se situe l’altération faite par Groumf. Moi-même, par moments, je m’interroge : mais que s’est-il vraiment passé avec le serpent, à l’hôtel ? Et dans la fumée, à la fin du roman ?





J'ai passé un bon moment de lecture : j’ai trouvé Le péril Groumf alerte, taquin, enlevé, différent. Le style de l’auteur et son imagination sont un très grand point fort. J’ai cependant regretté d’avoir commencé la série par ce tome 4, car j’ai eu le sentiment d’être arrivée après l’initiation : j’aurais aimé assister à la découverte du monde des Lutins urbains mais aussi à la mise en place du décor sponsorisé...

Je compte le proposer au Fiction Club de mon collège et plus particulièrement aux petits 6e. Bien sûr, ce roman est abordable bien avant ; je dirais à partir de 8 ans.














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