LEO, Mon secret est une chance, de Gwénaële Barussaud



De quoi ça parle ?

En 1869, alors qu’elle est sur le point de monter pour la toute première fois à Paris, car elle a été choisie, avec d’autres ouvriers, pour représenter l’usine Menier auprès de l’Empereur Louis-Napoléon Bonaparte (le numéro III), Léo apprend de ses parents, ouvriers eux aussi, qu’elle est en réalité Léonore Désilles, fille de bourgeois parisiens. Ces derniers avaient confiés leur fille à une nourrice, la mère de Léo, et ne sont jamais revenus la chercher.

Ce voyage à Paris est donc, peut-être, son unique chance de renouer avec sa véritable famille.

Elle qui, jusque-là, était plutôt satisfaite de sa vie, se retrouve confrontée à d’autres lieux, à d’autres gens, à d’autres valeurs. Son horizon s’élargit.



Qu'en ai-je pensé ?


Je dirais que ce roman historique comprend trois actes. J’ai trouvé le premier plutôt long, quoique je me sois régalée des descriptions de l’autrice, qui m’ont plongée dans le monde ouvrier du XIXe siècle. Mais le deuxième acte a réussi à véritablement m’accrocher : Léonore est à Paris, peut-être tout près de ses parents naturels. Comment va-t-elle gérer la proximité ?

J’ai apprécié de voir un personnage féminin qui s’ouvre à l’histoire de son époque et à son avenir. J’ai aimé que sa place dans le monde soit indéterminée, car cela lui permet de traverser différentes classes sociales, et différents lieux qui les représentent. Et puis qu’elle se lance ainsi, avec confiance, dans l’aventure qui s’offre à elle, respire le courage : une belle leçon pour les jeunes, et moins jeunes, filles !

A travers le personnage d’Emilien, vendeur de journaux aux grandes ambitions et aux idéaux révolutionnaires, on prend la température de l’époque : le désir des classes sociales inférieures d’avoir la possibilité de grimper l’échelle sociale, celui des autres classes de conserver leurs privilèges et, au milieu, un empereur qui s’est installé par la force et qui vieillit... Les tensions, mais aussi tout un monde de possibles, émergent.


Par ailleurs, avec la provinciale Léonore, le lecteur découvre le Paris de la fin du XIXe : les riches Parisiens s'amusent tandis que les pauvres triment à leur service ; et Haussmann est en train de mettre une sacrée pagaille dans les quartiers pour créer les grandes avenues dont nous bénéficions aujourd'hui !


Je trouve que Gwénaële Barussaud parvient très bien à faire revivre cette époque mouvementée de la fin du XIXe, en nous en offrant une représentation de toutes ses facettes, sociales, politiques et techniques, par le biais de jolies descriptions, de la tournure de pensée de Léo, la narratrice de l’histoire, et par le biais du langage, bien rendu !, des personnages. L’immersion se fait en douceur, sans verser dans le pédagogisme.

Quelques bémols, cependant, légers : contrairement à ce que pourrait faire croire le résumé de l’éditeur, je n'ai pas vraiment l'impression que Léo soit écartelée entre la loyauté qu’elle doit à la famille qui l’a élevée et celle qu'elle doit à sa famille naturelle. Selon moi, le vrai dilemme réside plutôt dans le conflit de loyauté à sa classe sociale, qui naît de la situation particulière de Léo.

Par ailleurs, l’évolution des représentations de Léo n’est pas toujours très crédible, car l’héroïne accepte parfois trop rapidement d’intégrer dans sa vision des choses une hypothèse qui n’a pas encore été validée par les faits, comme l'identité réelle de ses parents, par exemple.




Léo offre une magnifique immersion dans la France de la fin du XIXe siècle, tout en nous proposant le parcours initiatique d’une jeune fille, qui apprend à sortir de l’enfermement géographique et social dans lequel elle a grandi. En plus, c’est un tome 1 !!!! 




Recommandations : 
un roman historique à mettre dans les mains des jeunes filles, 
afin qu'elles connaissent un peu de l'histoire française sans avoir à se retenir de bâiller,
et qu'elles prennent un peu du courage de l'héroïne !





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